ETIENNE O'LEARY
FILMS 1966 - 1968
(DVD) 24,00 euros
Contains:
Day Tripper / Le voyageur diurne
(1966, n&b, 16mm, 9 min)
Homeo (aka Homeo : Minor Death : Coming back from goin' home)
(1967, couleurs, 16mm, 38 min)
Chromo Sud
(1968, couleurs, 16mm, 21 min)
Étienne O’Leary’s filmography consists of three experimental films completed in Paris between 1966 and 1968. Day Tripper, Homeo (aka Homeo: Minor Death: Coming Back from Going Home) and Chromo Sud constitute a cinema of resistance. These brutally personal and subversive films form a body of work with few precedents. O’Leary’s contribution to French underground cinema is, however, not limited to the introduction of a new cinematographic language. The potency of his oeuvre resides in three unsettlingly evocative soundtracks that he composed himself. This music is now available on vinyl for the very first time (180 gr LP – 300 copies). Listen to the excerpts available via Tenzier
see also Étienne O’Leary : Musiques de Films (1966-1968)
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INTERVIEW (horschamp.qc.ca):
HC: Comment en es-tu venu à faire du cinéma ?
OL: Notre père était toujours là avec une caméra à la main, depuis qu’on était né. Moi je me suis retrouvé avec la caméra dans les mains, il me l’avait prêtée, sa Beaulieu, en 1964, pour aller aux sports d’hiver. J’ai fait un petit film… personne ne l’a vu, ce film-là. Après celui-là, j’ai tourné Day Tripper, en noir et blanc . Ça durait quinze minutes à peu près. J’avais commencé en 1965. Poudovkine disait : « Tu prends deux ou trois fois le portrait d’une personne qui ne bouge pas. Avec trois images, et avec le rythme, on va faire le mouvement. » Ça prend plus qu’une photo, pour qu’il y ait un mouvement. Ça partait de la photo. J’en faisais. J’avais acheté une caméra (appareil photo), à Venise, elle était bonne, une caméra Russe. Je m’amusais à photographier l’Orient. En Égypte c’était avec le Leika.
Je me suis intéressé au cinéma allemand et américain.
J’avais vu le film La dame de Shanghai avec Marlène Dietrich, et L’ange bleu et Le cabinet du Dr Caligari que j’avais beaucoup aimés et Nosferatu le vampire… Je m’intéressais déjà à Man Ray…j’avais vu L’étoile de mer, Le château de dé et Le chien andalou de Bunuel. Et il y a eu une rétrospective américaine aussi, de Film Culture. Jai été voir leurs films. En 64, ils avaient fait une rétrospective du cinéma new-yorkais. J’ai vu Scorpio rising de Andy Warhol et Twice a man de Markopoulos dans une même séance. Les couleurs étaient sensationnelles. Ça m’a impressionné, ça m’a donné envie de faire un film.
Et j’étais resté au complet au film Sommeil [Sleep de Warhol] à la Cinémathèque ! J’avais la patience. Je me disais « Il va y avoir quelque chose sur l’écran un jour ou l’autre… »
HC: Je me souviens que tu étais tout le temps soit au Musée d’art moderne, soit à la Cinémathèque. Et tu faisais de la peinture depuis longtemps.
OL: J’ai commencé à l’école. J’ai étudié ce que c’était que d’écrire.... Et j’ai découvert Kandinsky, Point, ligne, surface et Du spirituel dans l’art.
HC: Qu’est-ce qui a fait que toi, à 15, 16 ans, tu t’intéressais à Kandinsky et à Stockhausen, à John Cage ? Je me souviens comme tu écoutais avec enthousiasme leur musique.
OL: À l’Odéon, il y avait le Domaine musical et au Conservatoire il y avait Messiaen. J’avais été à un concert de Stockhausen.
HC: En 68, tu étais allé filmer dans les rues ?
OL: Non, je projetais mes films dans les facultés occupées.
Mes films avaient été projetés dans des théâtres, dans des cinémas aussi.
À Bordeaux, il y avait une rencontre d’art moderne, un festival. Il y avait un film de Taylor Mead. Taylor Mead, je l’avais rencontré à Censier, je crois.
Day tripper était présenté dans les happenings de Jean-Jacques Lebel. Chromo sud avait été projeté en Angleterre, apporté à Londres par un ami. Man Ray avait dit que Day tripper, c’est un film qu’il aurait aimé faire. J’étais flatté !
HC: Comment travaillais-tu tes images ?
Je travaillais avec le retour d’images, sur la caméra directement. Il y avait un bouton pour le retour d’images. On pouvait superposer ; moi je faisais ce qu’on appelle des clignotants. Il y avait l’image, la photo, une photo imprimée, 2, 3 secondes. J’avais fait ça avec l’image d’une peinture. Tu filmes la peinture ou la photo, tu laisses un noir, une autre image, par 2, par 3, par 4. . Dans les noirs tu mettais une autre image, ça faisait un mouvement… Mais pas nécessairement de façon suivie ou systématique….. je ne suis pas un théoricien !
J’avais fait ça dans Day tripper, je crois. Je filmais Michèle Giraud qui marchait sur le trottoir et Denis conduisait la 4L….
HC: Tu découvrais cela comment, cette façon de faire ?
OL: C’est Gobet, le caméraman de papa à Radio-Canada, qui m’avait montré ça, comment marchait la caméra, le retour d’images… Une fois j’avais été avec lui, on était allé filmer un mémorial de soldats canadiens en Normandie…
HC: Comment faisais-tu la musique ?
OL: Avec un harmonium, le piano, une fois un drummer avait apporté sa batterie. Maman était outrée ! On improvisait. On avait même fait de la musique pour un chinois, pour un défilé de mode à New York, comment est-ce qu’il s’appelait ? Chan peut-être….
HC: Qu’as-tu envie de dire aux gens qui vont voir tes films en 2004 ?
OL: C’est toujours neuf, quand on aime un auteur ou une personne, c’est toujours neuf.
8 février 2004, Bic, Québec